Chapitre 4
L'ouvrage a un style littéraire particulier. Le lecteur est surpris par des "Flash Back" le renvoyant dans le passé, marqué par l'écriture en italique.
"A la recherche du temps perdu"
Extraits :
À la sortie de l’école, je croise Agnès, maman de copines de mes filles. Lisant la détresse sur mon visage, elle m’invite affectueusement à passer la voir. Agnès m’a toujours inspiré confiance, avec ses paroles pleines de douceur et de poésie. Je me souviens comme elle admirait notre courage de partir en voyage. Elle a d’ailleurs suivi toutes nos aventures via Internet. C’est tout naturellement, que j’ose lui révéler, dans les grandes lignes, ce qui m’arrive.
La rupture du contact entre mes filles et ma mère l’interpelle. Je la vois réfléchir quelques instants, les yeux dans le vague. Soudain, elle se précipite vers le vestiaire, et en revient les bras chargés d’étoffes multicolores. A quel jeu va-t-elle m’initier ?
Elle me présente une panoplie d’écharpes, puis m'en tend trois. Je dois les tenir regroupées à l’une des deux extrémités. A chaque autre bout, Agnès représente Naomi, Xénia et ma mère. L’écharpe représente la relation.
Elle m’explique que je ne peux intervenir que dans la relation dont je tiens un bout. Je peux ainsi choisir de lâcher une écharpe, donc une relation. C’est ce que je fais, sans hésitation, avec celle de ma mère.
Agnès ajoute deux nouveaux foulards qu’elle place entre mes filles et ma mère.
Dans ces relations-là, je ne peux pas intervenir, car je n’en tiens aucun bout.
Or, c’est justement cela qui est inconcevable, voire insupportable pour moi : laisser mes filles dans une relation que je perçois comme dangereuse pour elles !
Agnès comprend ma réaction mais insiste pour que j’y réfléchisse. En attendant, elle me conseille de partager cette expérience avec mes filles afin de leur montrer ma position dans leur relation avec ma mère et de visualiser ma souffrance. Visualiser ma souffrance ? Un moyen de l’extérioriser, de la mettre hors de moi...
— Trouve-toi un objet qui représenterait ton mal. Si tu ne peux le mettre en mots, visualise-le.
En balade, je trouve un pavé, lourd, dur, pouvant encaisser les coups. Le voilà mon objet ! Un pavé ! Que vais-je en faire? Le jeter à la tronche de ma mère ? Le lier à une corde, puis à mon pied pour me jeter dans l’Escaut ? Mettre le pavé dans la mare ? Ou encore le sculpter pour en faire une œuvre d’art ?
Comment ma mère a-t-elle vécu cette grossesse ? Pour la plupart de ses anciennes connaissances, elle l’a bien vécue. Pour d’autres, cette grossesse non désirée a été un choc car, étant enceinte de cinq mois lors de sa découverte, elle ne pouvait plus avorter et elle l’a prise comme un fardeau.
Ses parents, très catholiques, n’ont pas accepté cette incartade hors mariage et l’ont mise dehors ! Elle s’est alors réfugiée chez des amis qui vivaient dans un appartement, rue des Carrelages à La Louvière.
Cet appartement ressemblait à un palais indien où l’odeur d’encens au patchouli couvrait la fumée des pétards qui circulaient… Ça rêvait de voyages et de philosophie orientale. La route des Indes, un rêve pour certains, un objectif pour d’autres. C’est ainsi que quelques-uns ont bouclé leur sac à dos et sont partis en auto-stop jusqu’en Inde, le guide du routard en poche.