Chapitre 3

L'ouvrage a un style littéraire particulier. Le lecteur est surpris par des "Flash Back" le renvoyant dans le passé, marqué par l'écriture en italique.

 

"Dans le couloir de l'abîme"

 

Alors que nos copains se marient pour le meilleur et pour le pire, l’entente au sein de notre couple se dégrade déjà… J’espère que ce n’est que passager et que cela n’ira pas trop loin !

Pour éviter cela, il faut tenter de rétablir la communication. Pas facile quand on se voit peu ou bien seulement en compagnie d’autres personnes. Lorsque je rentre le soir, après avoir récupéré Naomi chez la gardienne, à chaque fois, c’est plein de monde à la maison, plein de nouvelles têtes, des clients devenus copains ! Avec, en plus, un nuage de fumée tellement opaque qu’on n’y voit plus rien…

Gardant Naomi à l’écart, je prends soin d’elle le mieux possible. Quand elle est dans son bain, je la masse pour la détendre. Pendant ce temps, mon mari se marre avec ses nouveaux copains, ne parlant que de défonces…

Au fil des jours, ça s’aggrave… Accidents de voiture, vitres cassées, bar permanent dans le salon,… Le plus terrible à mes yeux : c’est qu’il trouve ça drôle ! Moi, pas !

À chaque fois, il s’excuse pour les dégâts. Mais moi, ça ne me suffit pas et j’en ai marre !

Des disputes éclatent. Alors je sors de mes gonds : ras le bol de ses conneries ! Ça gueule !

Une fois la tempête passée, je lui suggère de suivre une thérapie conjugale.

Il me rit au nez et continue à dépenser tout ce qu’on gagne.

 


 

A la maison, chaque jour est un combat maintenant : quand je rentre, il est défoncé.

Un soir, ça dégénère : un de ses anciens collègues est en visite. Kurt, complètement saoul, est littéralement couché sur ses genoux.

Moi, à table avec Naomi, je suis vraiment gênée.

Le collègue, embarrassé lui aussi, semble pourtant être un jeune homme sain, bien loin du monde de la défonce. Voyant son inconfort et son malaise, je demande fermement à Kurt de se reprendre ! Il se lève, vient vers moi et, brusquement, me prend à la gorge et commence à m’étrangler !

Je n’arrive plus à parler et respire de plus en plus difficilement…

Des larmes se mettent à couler sur mes joues. J’aperçois, dans le brouillard qui m’envahit, le visage de son collègue qui devient aussi pâle que le mien virant carrément au violet ! Il se lève et essaye de raisonner Kurt, le suppliant d’arrêter…

Enfin, il me lâche. J’ai bien cru que j’allais y passer.

Il se dirige vers l’escalier quand un bruit de soupe qui se renverse nous parvient. Nous comprenons qu’il vient de vomir. Le spectacle est répugnant : il y en a partout, sur le mur, les marches, la rampe.

Je reprends péniblement ma respiration.

Son collègue, désolé, préfère partir. Je le comprends. Ce n’est pas très agréable comme ambiance ! Il descend l’escalier tant bien que mal et s’en va. Vraiment morte de honte, je le salue en m’excusant. Lorsque je referme la porte, Kurt est déjà en bas, à la salle de bain.

J’en profite pour monter rapidement avec Naomi. Je dormirai avec elle dans sa chambre. Lui, il pue vraiment trop !

J’installe un matelas sur le sol, Naomi vient m’y rejoindre car elle ne trouve pas le sommeil, elle non plus. Je sèche vite mes larmes pour qu’elle ne les voie pas, mais rien à faire, elles continuent de couler sans que je ne puisse les contrôler.

  T’inquiète pas Naomi, ma chérie… ça va s’arranger, dès que j’aurai trouvé une maison à la campagne. Papa va se soigner. Il est très malade.

Je continue à lui parler doucement de l’avenir qui nous attend, à la campagne, et des belles balades que nous ferons ensemble. Elle ne dit rien, elle écoute, puis finit par s’endormir. Moi aussi...

 

La vie continue sur le même rythme : à courir de droite à gauche, à travailler, à assumer les tâches ménagères. Parfois je me sens tellement épuisée que je me laisse aller quelque peu. Le ménage s’en ressent : la vaisselle s’empile, le balatum finit par coller. Après, naturellement, le retard est encore plus difficile à rattraper. L’odeur nauséabonde finit par me convaincre de prendre mon courage à deux mains. Au moins, après, on voit la place !

 


 

Dans cette souffrance affective qui m’oppresse, je m’efforce de partager le plus de temps possible avec mes filles. Je les dorlote avec tendresse, mais mon esprit est tellement accablé, que parfois, alors que je suis en train de préparer le souper, je m’embrouille… Je me retrouve dans la réserve, ignorant ce que je suis venue y chercher, obligée de retourner à la cuisine pour m’en souvenir…

Au coucher, je lis aux filles des histoires où tout est bien qui finit bien.

Mais dès qu’elles sont endormies, je retourne dans ma bulle.

Concentrée sur mon chagrin, je me déconnecte du monde extérieur.

Si elles me rappellent, je ne les entends même plus… Ou bien, pire, je les remballe :

  C’est l’heure de dormir ! Laissez-moi tranquille…!

A nouveau l’étourdissant manège des questions sans réponses resurgit…

Pourquoi tant de souffrances ? Pourquoi moi ? Quel sens a ma vie ?…

Et rien pour occuper mon esprit… Même pas de télévision. Heureusement d’ailleurs, car le JT n’apporterait de toutes façons que de mauvaises nouvelles… A quand un journal des bonnes nouvelles ? Dommage pourtant, car, malgré les conneries qui y passent et qui n’apportent aucune solution aux malheurs du monde, la télé permet, en distrayant la pensée, d’engourdir la conscience.

Tournant en rond dans le salon, je me choisis un fond musical apaisant. La mélodie me calme et m’attriste en même temps.

La nostalgie des bons moments avec Kristof m’alanguit.

Comment en sommes-nous arrivés là ?

 

 

 

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